LETTRE
DE DUBOIS THAINVILLE
A
TALLEYRAND
DU 10 AOUT 1806
SUR LE CONFLIT
ENTRE LES BACRI ET LES BUSNACH
Sans numéro
10 août 1806.
Monseigneur, des démêles d’intérêts assez grands se sont élevés entre les maisons Busnach et Bacri. Je n’ai voulu, malgré toutes les sollicitations, me mêler, en aucune manière, de leurs affaires auprès de Votre Excellence ni auprès du gouvernement algérien. Youssouf Bacri père, chef de la maison de commerce, le juif le plus probe et le plus honnête d’Alger, qui, dans tous les temps, a été étranger à toutes les affaires politiques, est venu me prier de vous adresser les pièces ci-jointes et de vous recommander ses intérêts. Je ne puis que rappeler ici l’opinion que j’ai déjà exprimée à Votre Excellence. Les Bacri, qui ont servi la France, sont les victimes des Busnach. Les Bacri ont été plusieurs fois chargés de chaînes, et bien près d’être brûlés. La Régence exige d’eux une somme immense, et ils ont déjà payé des acomptes considérables, parce que le Dey veut les rendre solidaires avec les Busnach ; et ceux-ci, devenus insolvables, font retentir les tribunaux de Marseille de leurs plaintes, et arrêtent tous leurs capitaux. Le juif Goslan, riche de deux banqueroutes, est l’avocat de Michel Busnach.
Daignez….
Dubois Thainville.