Le duc de Talleyrand et de Sagan, dont nous reproduisons en première page la photographie, vient de mourir à Paris, le 21 février dernier [1910], à l’âge de 78 ans.

Grand seigneur, dans toute l’acception du terme, esprit fin et cultivé, organisateur expert, le duc de Talleyrand et de Sagan fut certes une des physionomies les plus marquantes de la moitié du siècle dernier.

Tour à tour, volontaire de la campagne de Crimée, lieutenant aux guides, puis gros personnage de la Cour Impériale, il reprenait les armes à l’occasion de la guerre de 1870 au cours de laquelle il était décoré de la Croix de la Légion d’Honneur pour un fait d’armes.

Après la guerre, le prince de Sagan, comme on se plaisait à le nommer, fut un de ceux qui rendirent à Paris sa physionomie, et il reconstitua la Société des Steeple-Chases de France que les événements de 1870 avaient décimée. Se rendant compte que Vincennes, alors hippodrome favori du steeple-chase, n’attirerait jamais le Tout-Paris mondain, le prince de Sagan eut l’idée de créer au Bois de Boulogne l’hippodrome d’Auteuil sur la lande aride de la butte Mortemart.

Les négociations qu’il avait engagées avec la ville aboutirent rapidement et, à la fin de 1873, la nouvelle Société des Steeple-Chases de France inaugurait son nouvel hippodrome qui devint bien vite à l’égal de Longchamps, un centre mondain par excellence.

Admirablement secondé par des commissaires d’élite, le prince de Sagan ne négligea rien pour atteindre son but et mena son œuvre à son apogée, lorsqu’il y a douze ans, une implacable maladie le terrassa et il dut abandonner la présidence de cette Société qu’il avait reconstituée.

En reconnaissance des services rendus, la Société des Steeple-Chases de France avait conservé au duc de Talleyrand et de Sagan, jusqu’à son dernier jour, le titre de président honoraire.