DISCOURS
DU CITOYEN TALLEYRAND,
MINISTRE DES RELATIONS EXTERIEURES,
EN PRESENTANT AU DIRECTOIRE EXECUTIF
LE CITOYEN SERBELLONI,
AMBASSADEUR DE LA REPUBLIQUE CISALPINE
DIRECTOIRE EXECUTIF
AUDIENCE PUBLIQUE DU 10 BRUMAIRE AN 7 [31 OCTOBRE 1798]
J’ai l’honneur de présenter au Directoire exécutif le citoyen Serbelloni, ambassadeur de la République cisalpine près la République française.
Il n’est pas permis à un Français de se montrer indifférent sur la République cisalpine ; elle est l’enfant de nos triomphes, et son bonheur importe à notre gloire.
Que le peuple cisalpin sache donc, ou plutôt qu’il sente, qu’il n’est aucun bienfait de la liberté qui ne lui soit nécessairement réservé, s’il reste étroitement uni à la République française, comme aussi qu’il n’est aucun des malheurs de l’esclavage dont il ne soit inévitablement atteint, s’il pouvait être entraîné à séparer un instant ses intérêts des nôtres.
Mais une telle supposition serait un outrage pour lui : et dans un moment, surtout, où des gouvernements insensés et prodigues du sang des peuples osent montrer des préparatifs militaires contre la République française, on le verra oubliant ses dissensions intérieures, et repoussant les perfides suggestions dont tant de faux amis l’environnent, se hâter d’offrir les plus ardents témoignages de son dévouements à la cause commune.
Ce sont là les sentiments que le citoyen Serbelloni est pressé de manifester en ce moment. Par les nombreux services qu’il a rendus à la liberté, il était bien digne d’en être l’organe.
Ch.-Mau. De TALLEYRAND-PERIGORD.