APRES LA MORT DE TALLEYRAND,
LETTRES DE MGR DE QUELEN
ET
LA DUCHESSE DE DINO
Les documents inédits que nous publions ici, et qui proviennent des archives privées de Mgr de Quelen, complètent ceux que nous avons déjà donnés dans nos articles sur la rétractation de Talleyrand et sur Mgr de Quelen et la conversion de Talleyrand. Ils n’apportent sans doute rien de nouveau sur ces événements qui sont assez bien connus maintenant, mais ils montrent que l’entourage du prince et la duchesse de Dino en premier lieu, comme l’archevêque lui-même, non seulement se sont réjouis de la réconciliation de Talleyrand avec l’Eglise, mais aussi qu’ils ont cru fermement à sa sincérité. Ils sont intéressants aussi parce qu’ils précisent les sentiments de la duchesse à ce tournant de sa vie. Nous les citerons dans leur ordre chronologique.
Talleyrand mourut le 17 mai 1838, quelques heures après avoir reçu, des mains de l’abbé Dupanloup, l’absolution et l’extrême-onction. Le 19, la duchesse de Dino écrivit une lettre qu’elle adressait à Madame de Marbeuf, religieuse du Sacré-Cœur, afin de la remercier de l’intérêt qu’elle avait pris à la conversion du prince :
Faites-moi la grâce, Monseigneur de lire la lettre ci-jointe et dans le cas où vous ne la trouveriez pas déplacée, de daigner la remettre vous-même. Votre apparition hier dans cette maison de deuil m’a trompée quelques instants sur le vide que j’y éprouve, c’est que Dieu est partout où vous paraissez et avec Dieu il n’y a plus de vide !
Hommages et respects.
D.
La lettre à Madame de Marbeuf était la suivante. On y remarquera la phrase sur les « consolations » que Talleyrand « a librement et franchement cherchées dans les secours et les prières de l’Eglise » :
Je croirai, Madame, manquer essentiellement à la mémoire de mon oncle, si je ne vous parlais pas des sentiments de respect et d’attachement qu’il vous conservait. Il était profondément touché de l’intérêt constant que vous lui faisiez témoigner et depuis le jour où il a reçu la médaille que votre vive charité lui a offerte, il ne s’en est pas séparé. C’est donc à vous, Madame, que nous devons reporter une part de notre reconnaissance pour les consolations qu’il a librement et franchement cherchées dans les secours et les prières de l’Eglise.
Veuillez, Madame, agréer avec bonté les hommages que plus que toute autre j’ai besoin de vous offrir en cette occasion, et veuillez aussi être mon interprète auprès de Madame de Gramont et de toutes les dames religieuses du Sacré-Cœur. Je sais ce que nous devons à la ferveur de leurs prières !
La Dsse de Dino,
née princesse de Courlande
Paris, 19 mai 1838.
Le 24 mai, en réponse à une lettre, datée du 21, de Mgr de Villèle, archevêque de Bourges, qui lui disait sa satisfaction de la « fin chrétienne et édifiante » de Talleyrand, Mgr de Quelen écrivit :
Cette lettre… vous dira, mon cher Seigneur, que j’ai reçu celle que vous m’avez fait l’amitié de m’écrire le 21, elle vous confirmera l’heureuse nouvelle de la grande grâce que Dieu a faite à M. le prince de Talleyrand, à l’Eglise et à moi. Les vœux de plus de vingt années ont été exaucés, la fin du Prince est un fait acquis à la religion. J’ai adressé au Pape les actes qui m’ont été remis ; après en avoir pris connaissance, j’ai écrit sur le champ au Curé de la paroisse du défunt la lettre dont je vous envoie la copie, afin que vous sachiez les termes dans lesquels je me suis tenu et, si vous jugez à propos, que vous procédiez sur ce document. J’attends de Rome les instructions nécessaires pour la publicité, si elle-même ne prend pas l’initiative. Les obsèques du Prince ont été célébrées convenablement à l’Assomption ; tout a été une conséquence du Bref qui l’avait réduit à la communion laïque, rien n’ayant eu lieu pour sa réhabilitation aux fonctions et aux honneurs ecclésiastiques. J’ai pensé qu’il vous serait agréable d’avoir ces détails.
Hier, jour où j’ai reçu votre lettre, j’ai appris de Madame la Duchesse de Dino que vous lui aviez écrit une lettre dont elle a été fort touchée. Elle s’est conduite admirablement dans cette circonstance ; après la grâce de Dieu, l’intercession de la très sainte Vierge, dont la protection a été si marquée, c’est à elle que nous devons ce dénouement….
P.S. Les papiers que je vous avais adressés autrefois sur l’affaire du Prince de Talleyrand pour vous communiquer les pouvoirs que j’avais reçus de Rome ne vous étant plus utiles, je vous prie, cher Seigneur, de me les envoyer ou de les détruire.
… Que fera le Saint Père ? Son internonce ici a dû le tenir au courant des menées pour empêcher la Religion de s’approprier cet événement, du moins pour retarder la manifestation du Pape. Il ne m’appartient ni de diriger son action dans cette affaire si grave et si heureuse, ni de juger des motifs secrets, s’il y en a, de garder le silence. Tout ce que j’avais à dire, je l’ai dit soit dans mes trois lettres à Sa Sainteté, soit dans mes communications orales ou écrite avec M. l’internonce. J’attends.
Vous devez vous rappeler que dans une lettre du 6 avril je vous disais que je voudrais pouvoir vous entretenir un moment os ad os : il y a des choses qui ne sauraient s’écrire et qui cependant devaient être connues du Saint Père. Qu’il me permette de lui dire sous le secret le plus absolu, que j’ose aussi vous demander, Monseigneur, que cette affaire a rencontré des obstacles dignes de Satan ; mais aussi que Dieu a envoyé ses anges pour les surmonter : infirma mundi elegit Deus ut confundat fortia. Ces anges, Sa Sainteté les connaîtra par mes lettres et si elle n’y voit pas d’inconvénients, elle peut en toute sûreté épancher son cœur paternel en félicitations pour les instruments de la divine miséricorde comme en action de grâce envers cette divine miséricorde elle-même, ainsi qu’envers la mère de miséricorde, la très sainte et très immaculée Vierge Marie dont l’assistance nous a paru si palpable.
Pour moi, je ne veux plus vivre que de reconnaissance, si Dieu me laisse la vie : en paix, je dirai le Nunc Dimittis… quia viderunt oculi mei salutare… Je l’espère du moins : les circonstances de tout ceci me paraissent merveilleuses. Je ne cesse de répéter O quam bonus et suavis est Spiritus tuus in omnibus…
Le pape Grégoire XVI devait, on le sait, adresser un bref, le 11 juin, à Mgr de Quelen, pour lui exprimer, en effet, sa satisfaction et pour féliciter, disait-il, « toutes les personnes que vous nous avez désignées comme ayant contribué par leurs pieux efforts à ramener le Prince… dans les voies du salut », mais dans lequel une restriction sur « les termes moins forts que nous l’aurions désiré » dans la rétractation de Talleyrand chagrina l’archevêque qui le fit savoir à l’internonce Garibaldi.
A une date inconnue, mais vraisemblablement à la même époque, c'est-à-dire en juin 1838, la duchesse de Dino, désireuses de réunir pour sa famille tous les documents concernant la rétractation de Talleyrand, demanda à Mgr de Quelen de lui fournir le texte du bref de Pie VII qui avait réduit l’ancien évêque à la communion laïque. Mgr de Quelen lui adressa alors le numéro de l’Ami de la religion qui contenait cette pièce. Elle le remercia par la lettre suivante, dans laquelle elle s’attachait surtout à souligner le dévouement de Talleyrand pour l’Eglise.
Je vous rends mille grâces, Monseigneur, de l’intéressante communication que je dois à votre bonté. Elle l’est tellement à mes yeux que si vous ne me faites pas donner l’ordre contraire, je me permettrai de garder le numéro du journal qui contient un passage si curieux et si précieux pour moi ! Il m’explique plusieurs des préoccupations de mon pauvre cher oncle à la fin de sa vie, plusieurs des passages qu’il m’avait dit vouloir mettre dans sa lettre au Saint Père et qui s’y trouvent en effet. Vous aurez remarquer que dans le bref de Pie VII les services rendus par M. de Talleyrand au clergé, à l’Eglise, sont mentionnés en termes pleins de mansuétude ; et que le bref finit par de vives instances de continuer dans cette voie. Il faut rendre justice à mon oncle, il l’a suivie avec empressement, il est devenu et s’est montré en plusieurs circonstances serviteur actif et courageux de Pie VII, plein de zèle et de bonnes intentions pour le clergé et de générosité pour les prêtres pauvres, invalides, infirmes ; il revenait souvent sur ce que le Pape Pie VII avait confiance dans son dévouement ; et dans sa lettre au pape actuel il a voulu parler de ce dévouement connu et apprécié, et des services rendus à l’Eglise. Enfin vous savez qu’il termine dans son brouillon même sa déclaration par ces mots : je me suis toujours considéré comme fils de l’Eglise et mes derniers vœux seront pour elle et pour son chef suprême. Il m’est évident que quoique avec sa négligence coutumière, il ait égaré le Bref lui-même, il en avait le sens bien gravé dans sa mémoire, et c’est à ce souvenir que tenait une grande partie de son argumentation avec moi. Croyez-moi, Monseigneur, la première demande de Rome in verba generalia était la seule convenable, la seule admissible ; suffisant à Rome, elle devait l’être toujours et partout. Rome a obtenu plus qu’elle n’osait l’espérer au début ; et la religion a plus gagné par la réconciliation et la soumission du pêcheur dans la forme adoptée qu’elle n’aurait pu s’y attendre et que vous n’auriez osé l’entrevoir ! Enfin dans tout ceci, il n’y a qu’à se prosterner, qu’à adorer et à répéter que si Dieu nous refuse quelquefois ses consolations, il ne retient jamais ses miséricordes ! Il m’en a fait une grande en m’accordant votre intérêt, Monseigneur, c’est à la fois consolation et miséricorde et je m’en honore à ce double titre.
Mille hommages.
Lundi 25 juin 1838.
Retenue 48 heures de plus à Paris, Monseigneur, par un gros mal de gorge accompagné d’un peu de fièvre, je ne veux pas que vous l’ignorer, je veux surtout user de ce loisir forcé pour vous remercier encore une fois de tout ce que vous avez été pour moi depuis six semaines, je devrais dire depuis toujours. Mais enfin les dernières circonstances ont mis vos bontés encore plus en lumière et mon reconnaissant attachement s’en est nécessairement accru. Recevez-en l’expression bien sentie ! J’emporte votre bénédiction avec celle de notre Saint Père. Voilà mon viatique ici-bas ; elles le deviendront aussi un jour pour un plus long et dernier voyage ! Je pense bien plus à la mort maintenant que je sais bien ce que c’est, car il n’y a que la mort de ceux qu’on aime qui nous initie dans ce grand et redoutable mystère. Puisai-je un jour quitter cette terre de misères exhortée, consolée, assistée par vous, Monseigneur, et après avoir été guidée ici-bas par vous, être conduite par vous aux pieds de Dieu et de sa justice miséricordieuse. C’est là mon vœu le plus cher ! Que Dieu vous conserve à votre diocèse, à la religion, à vos amis, à moi surtout pour vous êtes maintenant famille et patrie. Transplantée comme je l’ai été dès ma première jeunesse, ayant perdu une mère qui m’avait suivie, n’ayant jamais trouvé protection dans mon mari et venant d’être séparée de celui qui me tenait lieu de tant d’autres liens, je me retirerais aujourd’hui dans un isolement effrayant sans votre appui qui m’est un garant visible de celui de Dieu !
Pardonnez cette effusion, mon cœur en avait besoin, et votre bonté n’en sera pas importunée ! Je puis dire n’est ce pas que chaque jour la voyageuse aura part à vos prières ?
Hommages respectueux et profondément dévoués.
Deux jours plus tard, le 27 juin 1838, la duchesse de Dino, qui signait désormais duchesse de Talleyrand, demanda à l’archevêque de lui donner des copies du bref du 11 juin et de la rétractation souscrite par Talleyrand à son lit de mort :
Monseigneur,
Serait-ce trop présumer de votre bonté que de solliciter pour mes enfants et pour moi une copie du Bref que le Saint Siège vous a adressé sur la fin si consolante de mon oncle et dont vous avez bien voulu me donner lecture il y a deux jours. – L’approbation que le Saint Père accorde avec tant d’effusion aux actes qui ont honoré les dernier moments de feu le prince de Talleyrand nous est une trop grande joie pour que nous ne désirerions pas conserver à jamais dans notre famille un aussi précieux témoignage.
Si ce n’était pas porter nos désirs trop loin, je demanderais aussi une copie de la déclaration de M. de Talleyrand. Par un scrupule porté à l’excès peut-être, je ne me suis permise ni d’en garder copie, pendant que j’en étais la dépositaire, ni même d’en imprimer le souvenir textuel dans ma mémoire. Voyez, Monseigneur, si vous croyez pouvoir satisfaire un désir qui sans doute vous paraîtra bien naturel. Il s’étendrait à donner connaissance d’une pièce si intéressante à ceux qui par leur degré de parenté et leur position principale dans notre famille y mettront sans doute la même importance que mes enfants et moi.
Agréez, Monseigneur, avec votre bonté accoutumée l’hommage de mon respectueux et reconnaissant dévouement.
Duchesse de Talleyrand.
Mgr de Quelen répondit affirmativement à cette double demande. Il réclama seulement un délai pour la traduction du bref :
Mercredi 11 h. du soir, 27 juin 1838.
Madame la Duchesse,
Votre lettre vient de m’être apportée. Me voici seul et dans l’impossibilité de satisfaire pour le moment au désir si légitime que vous m’exprimez d’avoir une copie du Bref que le Saint Père m’a adressé à l’occasion de la déclaration M. le Prince de Talleyrand et que j’ai eu l’honneur de vous communiquer, il y a deux jours. Cette pièce est pour vous et pour les vôtres un titre de famille dont vous avez droit de réclamer la copie pour être déposée dans vos archives. Aussi, dès que la traduction en sera faite, vous serez la première à qui j’en offrirai un exemplaire. Je ne puis non plus me refuser, ce me semble, à y joindre une copie de la déclaration qui vous a coûté tant de soins et de sollicitude et qui m’a apporté une joie que le Père commun des fidèles m’annonce partager avec moi. Avant de vous faire tenir ces pièces, je vous demande la permission d’attendre une réponse qui ne peut manquer de m’arriver bientôt.
Demain je serai probablement en route avant vous pour aller donner la confirmation, mes vœux vous accompagneront, j’espère recevoir souvent de vos nouvelles. Vous savez avec quel respectueux attachement je suis, Madame la Duchesse, votre tout dévoué père, pasteur et ami.
Hyacinthe, archevêque de Paris.
Je travaillerai aussi à une relation de l’événement, je vous demande de me communiquer la vôtre.
L’allusion à un voyage de la duchesse concernait son départ pour « les eaux » de Baden-Baden. Avant même de se mettre en route, le lendemain 28 juin, elle écrivit encore le billet suivant qui demandait à l’archevêque de surseoir à son envoi ou de le remettre à une personne sure, en l’espèce son notaire et où elle lui exprimait encore un bien grand attachement :
Je vais monter en voiture, Monseigneur, et ne pourrai plus recevoir les pièces que vous avez la bonté de me promettre. Je ne connais personne d’assez sûr pour que dans mon absence je désire qu’elles lui soient confiées. Je viens donc vous demander d’avoir la bonté de garder le paquet jusqu’à mon retour à moins que vous n’ayez la bonté de l’envoyer avec plusieurs cachets à M. Henri Chastelain notaire, rue Croix des Petits Champs à Paris. Je vais lui écrire un mot pour le prévenir que s’il recevait un paquet de votre part je désire qu’il le conserve dans le même lieu où se trouve mon testament. Dans ce testament, Monseigneur, je me permets de parler plusieurs fois de vous et de vous prier de recevoir deux petits souvenirs de ma part. Laissez moi croire que si Dieu dispose de moi et si je ne devais plus avoir le bonheur de vous revoir, cers petits objets seraient reçus avec bonté et que vous pensiez quelquefois à moi comme à la personne dévoué et la plus sincèrement attachée à votre personne ?
J’aurais l’honneur de vous écrire aussitôt mon arrivée aux eaux !
Hommages et respects.
Jeudi 28 juin 1838
De Baden-Baden, la duchesse resta en correspondance avec Mgr de Quelen. Dans une lettre datée du 6 juillet, elle lui dit qu’elle avait appris avec bonheur que le Saint Père avait la rétractation de Talleyrand sur sa table, et qu’il en avait exprimé sa satisfaction à un ecclésiastique français :
Baden-Baden, 6 juillet 1838
… Est-il vrai, Monseigneur, que vous avez vu ou même reçu une lettre de Rome écrite par un grand Vicaire de Tours et dans laquelle il serait dit que le Saint Père ayant la déclaration de M. de Talleyrand sur sa table, l’avait fait lire à cet ecclésiastique en témoignant sa satisfaction avec une effusion touchante. Ce fait me serait précieux à vérifier, si consolant à croire, si satisfaisant à citer dans l’occasion que je ne crains pas de vous en demander la vérité. Je connais d’ailleurs votre bonté pour moi et le plaisir que vous trouverez à me fortifier et à me consoler ! Vous voudrez bien aussi me dire un mot de votre santé…
Duchesse de Talleyrand.
Nous n’avons malheureusement pas la réponse de l’archevêque à cette demande.
Une dernière lettre de la duchesse, datée de Paris le 7 septembre, et écrite après son retour, annonce à Mgr de Quelen qu’après un court séjour à son château de Rochecotte, elle resterait à Paris tout l’hiver et qu’elle se réjouissait de pouvoir vivre dans son « voisinage » :
Paris, 10 septembre 1838.
Monseigneur,
Je ne puis assez dire à quel point votre absence me fait faute ici, où j’arrive et d’où je vais repartir. Car mes projets se trouvent fort modifiés. Je croyais en passant le mois de septembre ici, y terminer mes affaires. Au lieu de cela j’y trouve des embarras et de la confusion ; je vois que ma présence est plus nécessaire que je ne le croyais, qu’il n’y a d‘affaires bien faites que celles qu’on fait soi-même et d’affaires faites que quand elles sont terminées. En conséquence au lieu de m’abriter, de me reposer, de me recueillir à la campagne et d’y prendre racine depuis le 1er octobre jusqu’au 15 janvier ainsi que j’en avais l’intention, je ne m’accorde que quinze jours de vacances pour aller regarder à mon jardin, ma chapelle et à mes affaires de Rochecotte, dès le début d’octobre je reprends mes chaînes et je me remets en cage jusqu’au printemps ! Ma consolation c’est que vous serez rentré en ville à la même époque, Monseigneur, et que vous me permettrez de profiter du voisinage. Je vais aller remettre cette lettre à l’excellente madame de Gramont et déposer chez elle un petit échantillon d’une production allemande que je vous supplie, Monseigneur, de placer dans votre chambre pour y rafraîchir les bouquets de violettes de Conflans.
Pauline vous offre ses hommages. J’y joins tous les miens : vous savez s’ils sont dévoués.
Duchesse de Talleyrand.
Au printemps suivant, Mgr de Quelen devait tomber gravement malade et il devait mourir, après quelque mois de souffrances, le 31 décembre 1839. Les lettres que nous publions montrent à quel point on lui était reconnaissant, dans la famille de Talleyrand, d’avoir facilité la réconciliation du prince avec l’Eglise, et quel attachement conserva pour lui la duchesse de Dino qui avait été son principal intermédiaire en cette délicate affaire.
R. Limouzin-Lamothe.