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TALLEYRAND D'APRES GERARD




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ECHANGE DE COURRIERS

ENTRE TALLEYRAND

ET M. GERRY,

ENVOYE DES ETATS-UNIS,

ENTRE LES 30 MAI ET 3 JUIN 1798




Le ministre des relations extérieures à M. Gerry, envoyé des Etats-Unis

Paris, le 11 prairial an 6 de la République française

Je vous communique, Monsieur, une gazette de Londres du 15 mai dernier. Vous y trouverez une très étrange publication. Je ne puis voir sans surprise que des intrigants aient profité de l’isolement dans lequel les envoyés des Etats-Unis se sont tenus, pour faire des propositions et tenir des discours dont l’objet était évidemment de vous tromper.

Je vous prie de me faire connaître immédiatement les noms désignés par les initiales W, X, Y et Z, et celui de la femme qui est désignée comme ayant eu avec M. Pinckney des conversations sur les intérêts de l’Amérique. Si vous répugnez à me les envoyer par écrit, veuillez les communiquer confidentiellement au porteur.

Je dois compter sur votre empressement à mettre le gouvernement à même d’approfondir ces menées, dont je vous félicite de ne pas avoir été la dupe, et que vous devez désirer de voir s’éclaircir.

Réponse de M. Gerry

Paris, le 31 mai 1798

Votre lettre, citoyen ministre, du 11 prairial (30 mai), et la gazette à laquelle elle se réfère m’ont été remises. Cette dernière contient toutes les négociations informes, communiquées par les envoyés à leur gouvernement. La lettre établit que certains intrigants ont fait des propositions aux envoyés, et tenu avec eux des conversations dont l’objet était évidemment de les tromper ; vous avez désiré en conséquence que je vous communiquasse leurs noms.

Si ces personnes n’ont point été autorisées à se mettre en avant, ou ayant des pouvoirs définis, les ont excédés, elles ont outagé le gouvernement français et les envoyés ; je ne suis pas compétent pour en juger, attendu qu’elles n’ont produit à ma connaissance aucune autorisation, aucun document de quelque espèce que ce fût.

Les publications, dont il est question, suffisent pour montrer combien délicate est ma situation à l’égard du nom de ces individus, et elles contiennent des circonstances qui vous mettront à même, j’espère, d’approfondir l’affaire, sans insister sur d’autres communications de ma part. Cependant, voulant écarter de personnes innocentes des soupçons qui pourraient les avoir embarrassées, je n’ai aucune objection à déclarer que trois des individus mentionnés sont étrangers, et que le quatrième n’a agi que comme messager et interprète.

Vous observerez, citoyen ministre, l’extrême répugnance des envoyés pour un mode aussi informe d’ouvertures, par leur réponse du 30 octobre, à de certaines propositions qui leur avaient été faites antérieurement ; le 1er novembre, ils convinrent de mettre fin à de pareilles relations, et ils ont maintenu leur résolution, nonobstant des tentatives réitérées qui furent faites ultérieurement ; ils ont cru néanmoins qu’il était de leur devoir de communiquer le tout à leur gouvernement.

Recevez, citoyen ministre, l’assurance de ma profonde estime.

Le ministre des relations extérieures à M. Gerry, envoyé des Etats-Unis

Paris le 13 prairial, an 6 de la République

J’ai reçu, Monsieur, votre lettre d’hier. Vous m’informez : 1° que la gazette présentée contient toutes les négociations informes, communiquées par les envoyés à leur gouvernement ; 2° que les personnes dont il est question, n’ont produit, à votre connaissance, aucune autorisation, aucun document, de quelque espèce que ce fût, qui les accréditât ; 3° que trois des individus mentionnés, (c’est-à-dire, dans l’ordre où je les ai placés, W, X, Y.) sont des étrangers, et que le quatrième, (c’est-à-dire Z.) n’a agi que comme messager et interprète.

Quoique je sente toute votre répugnance à nommer ces individus, je dois vous prier instamment de la subordonner à l’importance de l’objet. Veuillez donc bien, 1° ou me donner leurs noms par écrit, ou les communiquer confidentiellement au porteur ; 2° nommer la femme que M. Pinckney cite ; 3° me dire si aucun des citoyens attachés à mes travaux et autorisés par moi à voir les envoyés, ont dit un mot qui eût le moindre rapport avec la proposition choquante qui a été faite par X et Y, de remettre une somme quelconque pour une distribution corruptrice.

Réponse de M. Gerry

Paris, le 3 juin 1798 (16 prairial an 6)

Citoyen ministre,

On m’a remis votre lettre du 10 prairial, dans laquelle, après avoir résumé partie de la mienne du 31 mai, vous me pressez de céder immédiatement à l’importance de l’objet.

1° De vous donner par écrit, ou de communiquer confidentiellement au porteur, les noms des personnes désignées par les lettres W, X, Y, Z. ; 2° de nommer la femme citée par M. Pinckney ; 3° de déclarer si aucun des citoyens attachés à vos travaux, ont dit un mot qui eût le moindre rapport avec la proposition choquante qui a été faite par X et Y., de remettre une somme quelconque, pour une distribution corruptrice.

Quant aux personnes désignées par X. Y. Z., je vous adresserai leurs noms dans un papier revêtu de mon sceau et de ma signature, si vous m’assurez qu’ils ne seront pas publiés comme venant de moi, quoique cette mesure ne me paraisse pas nécessaire pour les découvrir tous, et que Z. m’apprenne qu’il s’est fait connaître de lui-même. Mais W. ne m’ayant jamais dit un mot relatif à X., ou à aucune partie de nos communications, je présume que l’inconvenance manifeste qu’il y aurait de ma part à m’appuyer sur un ouï-dire, est une excuse suffisante pour omettre son nom.

Je ne puis vous donner le nom d’aucune dame ; car pas une n’a eu de communications politiques avec moi, depuis mon arrivée à Paris.

Quant aux citoyens attachés à vos travaux, et autorisés par vous à voir les envoyés dans vos communications officielles, je ne puis me souvenir d’un mot d’aucun d’eux, qui eût le moindre rapport avec les propositions faites par X. et Y. dans leurs négociations informes, de payer de l’argent pour des distributions corruptrices.

Agréez, je vous prie, citoyen ministre, l’assurance de ma parfaite estime et de mon respect.

Le ministre des relations extérieures à M. Gerry, envoyé des Etats-Unis

Paris, le 16 prairial, an 6 de la République.

Votre lettre, Monsieur, vient de m’être remise. Vous pouvez m’adresser, en toute confiance, les noms que vous m’annoncez, sous votre signature et votre sceau. Je vous donne l’assurance qu’ils ne seront pas publiés comme venant de vous.

Recevez, etc.

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MONITEUR N° 261 DU PRIMEDI 21 PRAIRIAL AN 6 DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE – 9 JUIN 1798 – P. 1047









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" Quaero, Colligo, Studeo "









Pierre COMBALUZIER - 64000 PAU - FRANCE - 1997
Membre fondateur
de l'Association " Les Amis de TALLEYRAND "




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