LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
A
MADAME ADELAÏDE D'ORLEANS
EN DATE DU
24 SEPTEMBRE 1831
Londres, le 24 septembre 1831.
Mademoiselle a raison : je crois tout à fait à l’amitié de Sébastiani ; il vient de m’en donner une preuve nouvelle en me faisant connaître par le télégraphe l’heureuse issue de la séance du 22, si importante pour nos affaires et dont j’attendais le résultat avec une agitation qui m’a donné la fièvre hier. Ce n’est pas la première fois, j’ose le dire, que je l’ai eue dans de semblables circonstances. A mon âge, les nerfs s’ébranlent aisément, mais j’espère n’avoir plus cette triste preuve de dévouement à donner aux intérêts du roi. Ces intérêts ont été noblement et habilement défendus dans la Chambre des députés ; le retentissement ici en est heureux et je l’ai fait valoir autant que possible.
Dans le traité qui nous occupe, je vois chacun animé d’un bon esprit ; tout le monde a envie de faire de la bonne besogne. Nous avons communiqué à chacune des parties la proposition de l’autre ; ils nous présenteront, lundi 26, leurs observations, et c’est dans la discussion qui suivra que je ferai valoir les arguments que le roi a eu la bonté de me fournir. On est disposé à être juste et équitable pour tout le monde et à en finir.
Les arrivages de Lisbonne nous ont appris hier de nouvelles cruautés de dom Miguel ; elles faciliteront les efforts de M. de Palmella, que j’ai revu hier avec grand plaisir et qui part dans peu de jours pour Paris.
Le ministère anglais n’est préoccupé que de la réforme ; les pétitions arrivent de tous côtés : le 3 octobre est le jour où commencera le grand débat….
Recevez…
Ch. Mau. TALLEYRAND.
in MEMOIRES DE TALLEYRAND