Optimisé pour
Espace de téléchargement





TALLEYRAND D'APRES GERARD




RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL / HOME PAGE
RETOUR AU CHAPITRE I : BIOGRAPHIE
RETOUR AU CHAPITRE II : ECRITS
RETOUR AU CHAPITRE III : TRAITES
RETOUR AU CHAPITRE IV : TEXTES, MEMOIRES ET OPINIONS
RETOUR AU CHAPITRE V : REPRESENTATIONS
RETOUR AU CHAPITRE VI : COLLECTION COMBALUZIER
RETOUR AU CHAPITRE VII : DOCUMENTS ET CARTES POSTALES
RETOUR AU CHAPITRE VIII : EVENEMENTS CONTEMPORAINS










PORTRAIT

DE TALLEYRAND

PAR

BENJAMIN CONSTANT



LADVOCAT - PARIS - 1832




Ce qui a décidé du caractère de M. de Talleyrand, ce sont ses pieds. Ses parents le voyant boiteux, décidèrent qu'il rentrerait dans l'état ecclésiastique, et que son frère serait le chef de la famille. Blessé, mais résigné, M. de Talleyrand prit le petit collet comme une armure, et se jeta dans sa carrière, pour en tirer un parti quelconque.

Jusqu'à la révolution il n'eut que la réputation d'un homme d'esprit et d'un homme à bonnes fortunes. Entré dans l'Assemblée constituante, il se réunit tout de suite à la minorité de la noblesse, il prit sa place entre Sieyès et Mirabeau. Il était peut-être de bonne foi, car tout le monde a été de bonne foi à une époque quelconque. D'ailleurs, dans ce temps-là, on pouvait être de bonne foi et réussir, parce que les opinions et les intérêts étaient d'accord.

Pour briller dans l'Assemblée, il aurait fallu travailler ; or M. de Talleyrand est essentiellement paresseux : Mais il avait je ne sais quel talent de grand seigneur pour faire travailler les autres.

Je l'ai vu à son retour d'Amérique, quand il n'avait aucune fortune, qu'il était mal vu de l'autorité, et qu'il boitait dans les rues, en allant faire sa cour d'un salon dans l'autre. Il avait, malgré cela, tous les matins, quarante personnes dans son antichambre, et son lever ressemblait à celui d'un prince.

Il ne s'était jeté dans la révolution que par intérêt. Il fut fort étonné quand il vit que le résultat de la révolution était sa proscription, et la nécessité de fuir la France. Embarqué pour passer en Angleterre, il jeta les yeux sur les côtes qu'il venait de quitter, et s'écria : « on ne m'y reprendra plus à faire une révolution pour les autres ! »

Il a tenu parole !

Chassé d'Angleterre fort injustement, il se réfugia en Amérique, et s’y ennuya trois ans. Son compagnon d'exil et de la fortune était un autre membre de l'Assemblée constituante, un marquis de Blacous, homme d'esprit, joueur forcené, et qui s'est brûlé la cervelle de fatigue de la vie et de ses créanciers, à son retour à Paris. M. de Talleyrand parcourut avec lui toutes les villes d'Amérique, appuyée sur son bras, parce qu'il ne savait marcher seul.

Quand il a été ministre, M. de Blacous, revenu en France, invité par lui, a demander une place de 600 livres de rente : M. de Talleyrand ne lui a pas répondu, ne l'a pas reçu, et Blacous s'est tué. Un de leurs amis communs, ému de cette mort, dit à M. de Talleyrand : « vous êtes pourtant cause de la mort de Blacous » et lui en fit de vifs reproches. M. de Talleyrand l'écouta paisiblement, appuyé contre la cheminée, et lui répondit en bâillant : « pauvre Blacous ! »

Pendant qu'il était en Amérique, il apprit que Mme de Staël était rentrée en France, et il chargea ses amis de lui monter la tête pour son retour. Cela ne fut pas difficile. Mme de Staël est de toutes les femmes celle qui aime le plus à rendre des services. Elle croit qu'on ne peut pas aller refuser, comme s'il y avait quelque chose qu'on ne pût pas refuser dans ce monde. Elle s'employa pour M. de Talleyrand avec un zèle admirable. Grâce à ses soins, Chénier le présenta à la Convention comme un des républicains les plus purs, comme un ennemi de la monarchie dans tous les temps, etc. La Convention, qui à cette époque votait également d'enthousiasme la proscription de ses membres et le rappel de ses ennemis, vota la rentrée de M. de Talleyrand.

Une fois rentré, il fallait arriver au ministère, et Mme de Staël fut encore son moyen.



******************************************


LADVOCAT - PARIS - 1832







RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL / HOME PAGE
RETOUR AU CHAPITRE I : BIOGRAPHIE
RETOUR AU CHAPITRE II : ECRITS
RETOUR AU CHAPITRE III : TRAITES
RETOUR AU CHAPITRE IV : TEXTES, MEMOIRES ET OPINIONS
RETOUR AU CHAPITRE V : REPRESENTATIONS
RETOUR AU CHAPITRE VI : COLLECTION COMBALUZIER
RETOUR AU CHAPITRE VII : DOCUMENTS ET CARTES POSTALES
RETOUR AU CHAPITRE VIII : EVENEMENTS CONTEMPORAINS





© EX-LIBRIS réalisé pour ma collection par Nicolas COZON - Gravure au Burin sur Cuivre
Tirage réalisé par les Ateliers CAPPELLE à Sannois - Val d'Oise -
Remerciements à Hélène NUE




" Quaero, Colligo, Studeo "









Pierre COMBALUZIER - 64000 PAU - FRANCE - 1997
Membre fondateur
de l'Association " Les Amis de TALLEYRAND "




Optimisé pour
Espace de téléchargement