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TALLEYRAND D'APRES GERARD




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PORTRAITS

ET

CARICATURES

DE

TALLEYRAND




Le prince de Bienauvent, grand maître de l’ordre de la Girouette, est, en ce moment, fort à la mode. On refait une virginité à celui que les caricaturistes, sous Louis-Philippe, appelaient « le grand trafiqueur et pipeur de souverains » ; on lui donne les brevets de toutes les vertus, depuis la fidélité dans les affections jusqu’à la grandeur d’âme. Nous avions le « Premier grenadier de France » ; nous avons maintenant le « Premier patriote de France ». Lui-même, dans les Mémoires que met au jour le duc de Broglie d’après la copie d’une copie, ne déclare-t-il pas qu’il servit toujours son pays sans s’inquiéter des hommes ou des choses, tout lui convenant, pourvu qu’il restât Français ?

Talleyrand officiel, Talleyrand intime, Talleyrand galantin, Talleyrand d’après les papiers publics et d’après les papiers privés ; tous les Talleyrand défilent ainsi devant nous. Un seul est oublié, et ce n’est pas le moins important : le Talleyrand portraituré par les artistes en renom ou caricaturé par les imagiers au gré des événements.

C’est ce Talleyrand que je vais essayer d’esquisser et de restituer pour la génération présente.

Tout d’abord, l’homme lui-même, le portrait. Voici, premier en date, le Talleyrand de l’Assemblée des notables et de l’Assemblée constituante, l’abbé de Périgord, bientôt un des promoteurs de la Constitution civile du clergé, bientôt évêque d’Autun qui, avec Gobel, évêque de Lydda, et Miroudot, évêque de Babylone, sera choisi comme prélat consécrateur. Gentil petit abbé de cour, pimpant, frais et rose comme une pâte colorée de Saxe, au visage plein, à l’œil ouvert. Encore un adolescent, presque un poupon, mais à l’esprit délié, aux sourires malicieux. Tel il figure sur les pastels et les gravures gouachées de 1782 à 1789 ; tel on le retrouvera dans les Souvenirs d’un sexagénaire d’Arnault.

Arnault qui l’avait vu, dans les jardins de Versailles, écrit, en effet : « Sa figure, qui n’était pas sans charmes, m’avait frappé, moins toutefois par ses agréments que par son expression et par un certain mélange de nonchalance et de malignité qui lui donnait un caractère particulier, celui d’une tête d’ange animée de l’esprit d’un diable. Cette figure-là, je l’aurais prêté à un premier page ou un colonel en faveur si la coiffure et le rabat ne m’eussent dit qu’elle appartenait à un ecclésiastique. »

Les pastels virent l’ange, le poupard joufflu. David, en un croquis célèbre vit le diable, le personnage à la silhouette sardonique, avec cette accentuation outrée des traits que le peintre de la Révolution donnait alors à toutes ses notations de physionomie, cherchant à faire passer sur les visages des acteurs quelque chose de la passion et des horreurs du moment.






« Je regretterai toujours, a écrit Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe, de n’avoir pas vu M. de Talleyrand dire la messe servie par l’abbé Louis. » Je regretterai toujours, ajouterai-je, qu’il ne se soit pas trouvé un artiste observateur et scrutateur des dessous de l’enveloppe humaine comme l’était David, pour prendre un croquis du personnage en ce moment véritablement unique. Quel précieux document ce serait aujourd’hui !

Le jeune abbé, qui, évêque d’Autun, ne prêta son ministère au nouveau culte que par dévouement à la cause du catholicisme – afin de pouvoir sacrer un des nouveaux évêques élus, dit-il dans ses Mémoires – a quitté la soutane et abandonné sa première carrière. Voulez-vous le voir quelques années après, entre 1797 et 1800, sous le costume d’un jeune élégant ? Consultez un pastel de Greuze, ou une miniature d’Isabey. Habit bleu, gilet blanc à fleurs, culotte chamois, il est charmant dans sa haute cravate de batiste aux blancs neigeux.

Ombragée par d’abondants cheveux châtains, la figure, toujours fine, est devenue pétillante de malice. L’œil bleu, clair, est plein d’amoureuses promesses ; la bouche, largement fendue, a des lèvres minces et serrées ; le nez droit, proéminent, très pointu, a déjà une tendance à se retrousser ; le menton s’avance en une légère saillie qui, s’accentuant avec l’âge, prendra les formes de la classique galoche.

Entrons dans le siècle. Le voici, de 1807 à 1809, peint par Prud’hon. Il est prince de Talleyrand, prince de Bénévent, vice-grand-électeur de l’Empire – un vice de plus ! Il a longuement posé devant le grand artiste, et il semble que Prud’hon ait éprouvé un plaisir tout particulier à étudier sa physionomie. Du reste, l’attitude générale n’a pas changé, le visage est toujours aussi jeune. L’œil est plus profond, plus réfléchi. Le type est désormais fixé ; on sent qu’il ne s’écartera plus de cette donnée, que tous les portraits à venir découleront du portrait de Prud’hon jusqu’à ce que, par suite des dépressions de l’âge, le masque grimaçant de David arrive à être une réalité.

De 1815 à 1830, la bouche se resserre, les lèvres se joignent, puis montent l’une sur l’autre ; les coins finissent par former comme deux affluents.

« Comme il avait reçu beaucoup de mépris, dit Chateaubriand, il s’en était imprégné et il l’avait placé dans les deux coins pendants de sa bouche. » La peinture confirme la littérature.

Ah ! les deux coins pendants, c’est sur le buste de Dantan jeune, fait à Londres en 1833, où Talleyrand était alors ambassadeur, qu’il faut les étudier. Et quoi qu’il ait figuré à l’Exposition des maîtres de la caricature, ce buste n’est point une charge, c’est bien l’œuvre la plus merveilleuse, le portrait le plus parfait qui se puisse imaginer.

Toujours imberbe, le visage a sans cesse conservé la même impassibilité, n’accusant son âge que lorsqu’il y fut forcé par les rides des saisons. Or le buste de Dantan n’est pas seulement une ruine, il tient à la fois du saule-pleureur et du ravin : le faciès troué, percé, ravagé, a dû quitter son masque, l’œil et la bouche sont un monde. Du reste, le plâtre moulé quelques années après, au moment de la mort du célèbre diplomate ne démentira point les accentuations si caractéristiques du buste.

Quand on a devant soi ce Talleyrand, on comprend l’impression de terreur que la jeunesse devait ressentir à la vue du vieillard, on partage l’effroi de Mme de Mirabeau apercevant dans un immense fauteuil à dossier carré cette ruine enveloppée d’une douillette de foulard blanc à desseins chinois, le cou toujours entortillé dans une haute cravate blanche, le visage sortant, anguleux, des pointes aiguës du col. Comme Voltaire, Talleyrand, sur sa fin, prête à la caricature : dans sa période de transition il s’était rapproché du mouton, et le voilà qui finissait prenant quelque chose du singe, moitié homme, moitié femmes dans ses allures.






À côté de ce Talleyrand intime, il faudrait placer le Talleyrand officiel, celui des portraits en pied et des portraits assis ; le Talleyrand qui figure dans toutes les cérémonies de l’époque, au sacre de Napoléon comme au Congrès de Vienne. Le plus célèbre est le Talleyrand du baron Gérard, assis, le bras gauche appuyé contre une table. Que d’images vont se dessiner, se graver ou se lithographier d’après ce bon poncif, images qui n’oublieront ni l’encrier ni la plume du diplomate, la belle plume d’oie, aux barbes bien taillées !

Peinture, buste ou gravure, ce Talleyrand intéresse : il est vivant, alors que celui des soi-disant « Mémoires » donne l’impression d’un écolier qui prend des notes en vue des devoirs à faire.

Des portraits passons aux caricatures, aux estampes satiriques.

La révolution n’a pas connu Talleyrand. Cela peut paraître singulier, mais ne surprendra point ceux qui ont étudié le document illustré.

L’imagerie populaire, si touffue, si riche, si loquace à l’égard de Mirabeau, de Robespierre, de Marat, de Lepelletier de Saint-Fargeau, du petit tambour Barra et de tant d’autres, n’a-t-elle pas considéré Danton comme une quantité négligeable !

Donc elle a bien pu oublier l’évêque d’Autun, et cela pour plusieurs raisons.

Tout d’abord Talleyrand est un rallié, ensuite c’est un prudent qui laisse venir les événements. Lui, noble, il penche vers le nouvel état de choses, sans du reste s’afficher autrement : à l’abri de toute attaque du côté des burins révolutionnaires, il est ménagé par les graveurs au service de la réaction. L’abbé Maury, ce fils de cordonnier, ce « nobles de parterre qui portait aux pieds les armes de sa famille », ce défenseur acharné des privilèges du clergé, succombera sous le poids des insultes graphiques dirigées contre lui. Alors Talleyrand, lui, passera pour ainsi dire entre les gouttes, ne figurant – et encore de quelle façon – que sur ces estampes en bistre, aux personnages multiples, lancé par la réaction contre la St… (Mme de Staël), contre la Sil… (Sillery, Mme de Genlis), contre Narbonne, de Grave et autres ministres. Mais, à vrai dire, ce ne sont point là des caricatures individuelles, comme celles qui visent l’abbé Maury ou l’abbé Fauchet ; les personnages sont quelconques, n’ayant pour être distingués les uns des autres que les noms placés au-dessous.

En septembre 1796, lorsqu’il rentre à Paris, les caricatures personnelles ont mis une sourdine aux violences d’antan ; la police de Merlin fait bonne garde, et l’estampe fatiguée, elle aussi, de ces attaques par le burin, se reprend à rire, ridiculisant les modes et les types, les hommes et les choses de ce nouveau régime, qui par ses exagérations et ses travestissements ne fut qu’une immense mascarade.

Le gentil petit abbé de cour, devenu peu à peu dictateur secret de la diplomatie d’une république, d’une poligarchie, suivant l’appellation par lui donnée à la forme gouvernementale du moment, pourra donc traverser indemne la période qui s’étend de 1796 à 1800. Une seule caricature est lancée contre lui sous le Directoire : elle le représente, Cupidon boiteux, assistant à la toilette de Mme de Staël en Vénus et promenant ses regards captivés du tarif des assignats aux beaux yeux de l’ambassadrice.

Sous l’Empire, la caricature politique est morte : elle s’est réfugiée dans les pays qui luttent contre la toute-puissance napoléonienne, elle a son centre, son quartier général en Angleterre où Gillray et autres mènent à la grande épopée du crayon contre les conquêtes et les ambitions de Napoléon. Dans cette satire graphique où tous les événements sont annotés, ridiculisés par une armée de dessinateurs, Talleyrand tient une assez large place. Ici, il est ressemblant ; on se trouve réellement devant un portrait-charge, fidèle représentation grimaçante de l’homme ; là, on s’est contenté de lui donner cette allure comique en laquelle les Anglais excellent. C’est un Talleyrand de convention, intéressant cependant, parce que le caractère, les ridicules de l’homme ont été étudiés, parce que ses démêlés, ses luttes avec Napoléon s’y trouvent annotés au jour le jour. Et le Talleyrand pied bot, qui serait inconnu si nous n’avions pour documents que les portraits, entre désormais dans l’histoire pour ne plus en sortir, constituant, comme de nos jours Bismarck et son chien, une dualité inséparable.














Avec les Cent-Jours apparaît le véritable Talleyrand, grand maître de cet ordre de la girouette si plaisamment institué par le Nain jaune, dans lequel prenne place à ses côtés, comme hauts fonctionnaires, Rusticus Cepmanon (Campenon), Dandinus Reguise (le chancelier Séguier), Neogat Zarémut (Rémusat), Naturalis Viecur (Cuvier), Curvissimus Faciuntasinos (Fontanes), Horatius Ruda (Daru), et autres illustrations impériales.

Cette fois, nous possédons notre homme : M. de Bienauvent, M. du Bonvent, M. à tous les vents, M. Tournetoujours, M. de Tournemine. Les caricaturistes de la Révolution avait déjà cherché à caractériser la duplicité du caractère humain : on avait vu avec Barnave le personnage aux deux côtés, à gauche homme du peuple, à droite homme de la cour ; on avait vu l’homme à deux faces, moitié Bailly, moitié Lafayette ; on voyait maintenant l’Homme aux six têtes. « Son ambition, du reste, n’est pas encore satisfaite, écrivait Cauchois-Lemaire ; il espère bien augmenter sous peu sa galerie. Le moulin à vent ne s’arrêtera que lorsqu’il pourra crier Vive moi ! » Ce fut une trouvaille, l’homme aux six têtes n’ayant plus une bouche de libre. La sixième, cette bouche de l’avenir, devait, paraît-il, crier : « Vivent nos amis les Cosaques ! » on trouva plus drôle de la laisser dans l’expectative du nouveau cri à pousser.






Si le prince de Bienauvent ne vit pas s’abattre sur lui dès ce moment la montagne de caricatures à laquelle il avait droit, du moins les justes appellations ne lui manquèrent point. Dictionnaire des girouettes, almanach des girouettes, l’Art de flatter tous les gouvernements, l’Art de fausser les serments et nombre d’autres publications célébrèrent à l’envi ses mérites : partout, aux côtés de son nom, s’étalait la triple girouette, la plus haute distinction de l’ordre.

C’est encore lui qui faut voir dans « l’homme aux portraits », dans « l’homme aux écus », ici les poches pleines de miniatures aux effigies de ses différents maîtres ; là rangeant ses sacs d’écus sur son secrétaire. L’époque avait jugé cet esprit infernal, étrange composé d’intrigues et de passions égoïstes. C’est encore sous ce jour que le montreront les caricatures relatives au Congrès de Vienne ; ici se réfugiant sous la table, le portrait de son roi sur le cœur, là se réservant pour lui un morceau du gâteau que se partagent les rois ; ailleurs en portant une cassette, autre part décrochant les portraits de ses anciens maîtres pour les remplacer par les effigies des puissants du jour. La satire, quelquefois, ne manquera pas d’une certaine allure, soit qu’elle représente le diable lui soufflant à l’oreille les articles du traité de Vienne – c’est M. Tout à tous, le modèle de reconnaissance au Congrès – soit qu’elle transforme en moissonneur armé d’une faulx, abattant en religion, bonne foi, fidélité, honneur, soit enfin qu’elle fasse sonner le « branle d’Autun » en le montrant pendu à sa cloche.










La paix rétablie, la caricature plus ou moins muselée, laisse Talleyrand dans une sorte de demi-disgrâce. Toutefois, elle ne l’oublia point et sut lui trouver une place dans les nombreuses estampes au goût du moment, Grotesques, Magasin de visages, animaux caractérisés, Fables en actions, Grimaces, suites dans lesquelles les grosses têtes et les transformations jouaient le principal rôle. Parmi les animaux, il avait sa représentation toute indiquée, le renard : « le renard et les raisins », « le renard et le corbeau », « le renard et les cigognes », toujours Talleyrand ; d’autre fois, il est vrai, il revêtait la peau du loup pour s’introduire dans le camp des moutons. Avec quelle satisfaction, avec quelle douce malice ne devait-on pas placer sa figure parmi les physionomies « à double visage », ces physionomies dont la vogue a quelque peu passé, qui, sans envers, présentaient, en haut comme en bas, un personnage quelconque ou un type connu !






Voici 1830 : Talleyrand devient ambassadeur à Londres. Le diplomate au visage pâli, aux lèvres émaciées, a la vie dure : il est ratatiné, courbé, mais la figure paraît vouloir rester éternellement jeune. Cette fois, il va être secoué d’importance ; il a trouvé ceux qui vont faire de lui l’incarnation vivante des régimes déchus et des réactions sans cesse renaissantes.

De 1830 à 1835, la Caricature, ce journal qui éleva le crayon satirique à la hauteur du grand art, empoigna le vieillard boiteux et cacochyme et le cloua à son pilori. Les dessins sont une merveille de vigueur et de couleur ; les légendes, toujours longuement explicatives, sentent l’âpreté de la lutte et quarante années de haines accumulées.

Le Talleyrand qu’on voit défiler en ces images personnifie donc la diplomatie rétrograde, la liberté muselée, le pays courbé sous le fouet du cosaque. Voulez-vous pénétrer dans l’esprit des légendes ? Voici les qualificatifs qui se lisent au bas d’un petit sujet à la plume faisant partie d’une de ces grandes planches dont Grandville avait la spécialité : « l’horrifique, diabolique, satanique, démoniaque, béquillard, périgourdin, ancien chambellot, évêquot, cagot, parpaillot, emmitré, triple traditeur, vendeur, pipeur de souverains, trafiqueur, restaurificateur de pays, entreteneur de discordes, supermetternikcodiplomaticien, ratificateur, archiprotocoliste, protocoliseur, protocolisant, reprotocolisant, en ascension aérostatique et apocalyptique. » Il n’est plus seulement pied-bot maintenant, il est béquillard ; et celui, l’infirme, qui fait tout marcher, qui gouverne les chancelleries, qui tient les souverains en laisse.

Du reste, la Caricature n’était point seule à penser de la sorte. En 1830 avait paru à Londres une image représentant des aveugles conduits par un boiteux. Les aveugles, c’étaient les rois de l’Europe : quant au boiteux qui régentait les cours armé de sa seule béquille, on l’a reconnu : c’est toujours notre même « pipeur et trafiqueur de souverains ».














« Talleyrandise, voir : traîtrise », avait dit le courageux journal qu’on imitera peut-être, qu’on ne surpassera jamais. Le 17 mai 1832, il mettait les points sur les i et publiait une gravure représentant la Cène avec les paroles historiques : « En vérité, en vérité, je vous le dis, il en est un parmi vous qui me trahira… » Et sur cette planche apparaît Talleyrand-Judas, l’homme aux protocoles, l’adorateur du Veau d’or, personnification de l’esprit diplomatique et réactionnaire de la Sainte-Alliance, comme M. Persil l’était de la « jugerie ». Tandis que l’on crayonnera Thiers et Louis-Philippe à l’aide du pouvoir et d’un toupet, Daumier, Benjamin, Grandville, Forest imagineront un Talleyrand vu de dos. Le crâne entouré de sa couronne blanche formant bourrelet, le dos, les jambes, tout cela est d’une individualité telle qu’on ne saurait s’y tromper.

Le vieillard à la fois fantastique et vraisemblable que dessine Daumier n’est point seulement l’ex-abbé de Périgord : c’est le fantôme du passé, ce sont les derniers restes, les derniers débris d’une civilisation disparue, partout sapée est partout encore tenace. On a vu passer ces antédiluviens dans des coucous aux formes inavouables ; ils béquillaient, toussaient, crachaient, prisaient ; ils avaient tout adoré, ils avaient tout conspué ; maigres, ils s’étaient levés peuple, et, heureux, satisfaits, couverts de gloire ou la bourse pleine, ils s’étaient endormis ventripotents.

Voilà ce qu’avaient voulu retenir les satiristes de 1830 ; voilà ce qu’il importait de noter.



John GRAND-CARTERET






FIN



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LA REVUE BLEUE

du 11 avril 1891








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Remerciements à Hélène NUE




" Quaero, Colligo, Studeo "









Pierre COMBALUZIER - 64000 PAU - FRANCE - 1997
Membre fondateur
de l'Association " Les Amis de TALLEYRAND "




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