AVIS DE DECES
DE M. BOURLIER,
EVEQUE D'EVREUX
L’épiscopat français vient de faire une nouvelle perte.
M. Jean-Baptiste Bourlier, évêque d’Evreux, est mort dans son palais épiscopal le mardi 30 octobre, à huit heures du matin. Né à Dijon le 1er février 1731, il s’était distingué dans ses études théologiques, et avait été le premier de sa licence. M. l’abbé, depuis cardinal de Périgord, le choisit pour son docteur, et étant devenu archevêque de Reims, il le nomma son grand vicaire, et lui donna la dignité de chantre, qui était la troisième de son chapitre. M. Bourlier obtint en 1775 l’abbaye de Varennes, au diocèse de Bourges. La révolution le dépouilla de ces bénéfices, mais, après le Concordat de 1801, il fut nommé à l’évêché d’Evreux, et sacré le 25 avril 1802. On lui doit l’établissement d’un séminaire à Evreux, et en 1819 il en forma un petit à Ecouis.
Il se trouva employé dans les affaires de l’Eglise lors de la persécution suscité par l’ennemi du Saint-Siège, et fut membre des commissions d’évêques formées à Paris en 1809 et en 1811, ainsi que de la députation envoyée à Savonne après le concile. Il parait aussi avoir été chargé de négociations auprès du Pape, lorsqu’on l’eût amené à Fontainebleau. M. l’évêque d’Evreux crut sans doute, dans ces différentes occasions, travailler pour le bien de l’Eglise, et il est probable qu’il se fit illusion sur les vues du despote.
M. Bourlier siégea au corps législatif, et fut nommé membre du Sénat en 1813. Le Roi le comprit dans la formation de la Chambre des Pairs en 1814, et, comme le prélat ne siégea point dans la chambre des cents-jours, il reprit son rang de pair après le second retour du Roi.
Il jouissait, dans un âge avancé, de toute la vivacité de la jeunesse, lorsqu’il fut attaqué, sur la fin de l’année dernière, d’une maladie organique incurable. La force de sa constitution a pu seule le soutenir pendant plus de dix mois qu’il a gardé le lit. Il a conservé sa connaissance jusqu’à la fin, et on dit qu’avant de mourir, il a encore adressé une lettre forte et touchante à un homme d’un grand nom avec lequel il avait eu des relations étroites, et auquel il donnait des conseils dignes d’un évêque zélé et d’un ami fidèle. Il a légué tout ce qu’il possédait à son séminaire diocésain, à l’exception d’une maison qu’il donne pour y établir les Frères des Ecoles chrétiennes à Evreux.
M. Bourlier était distingué par son esprit et sa capacité pour les affaires, et il joignit à ces avantages des qualités qui rendront sa mémoire chère à ses amis et à son diocèse. Sentant sa fin approcher, il a de nouveau demandé le saint viatique, qui lui a été administré avec l’extrême-onction. Depuis ce moment, il n’est sorti de sa bouche que des paroles d’édification, et il est mort dans les sentiments de la plus tendre piété.