LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
AU
COMTE SEBASTIANI
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
EN DATE DU
7 MARS 1831
Londres, le 7 mars1831
Monsieur le Comte,
MM. de Bülow et de Wessemberg ont transmis hier soir leur réponse à la communication qui leur avait été faite par la Diète germanique. Cette réponse est conforme aux désirs que vous m’avez exprimé dans votre lettre du 22 février. Ils n’ont pu y être amenés que par l’assurance que je leur ai donnée de la levée du blocus de Maëstricht prochaine et complète.
Je viens d’avoir une conversation avec M. le prince de Lieven de laquelle il résulte pour moi que M. le duc de Mortemart aurait été particulièrement bien accueilli par l’empereur Nicolas, que tous les sentiments qu’il lui a exprimés pour la France et pour le roi doivent vous être agréable et en tout conformes aux premières déclarations que j’ai eu l’honneur de vous faire à l’arrivée de M. de Lieven à Londres. D’après ce que m’a dit ce dernier, l’empereur ne croyait pas encore la cause du prince d’Orange perdu en Belgique. IL nous revient du reste ici de tous côtés que ce prince n’a plus aucune chance et le gouvernement anglais me parait en être aussi convaincu que nous.
On reprend ce soir à la chambre des Communes la discussion sur la réforme parlementaire ; l’opinion qui prévaudra n’est pas encore connue. Il est probable qu’on ne finira pas avant mercredi, sir James Markinton doit parler aujourd’hui et les amis de la réforme comptent beaucoup sur l’effet de son discours.
M. de Menars est à Londres. Je désire que vous ne perdiez pas de vue la demande que je vous ai faite de l’envoi ici d’un homme de police intelligent. Je joins le courrier du Précurseur.
Recevez, Monsieur le Comte, l’assurance de ma haute considération.
Ch. Mau. TALLEYRAND.
MAE - ARCHIVES DE NANTES - AMBASSADE DE LONDRES - SERIE K - CARTON 10