LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
AU
COMTE DE RIGNY
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
EN DATE DU
5 AOUT 1834
N° 89
Londres, le 5 août 1834
Monsieur le comte,
J’ai l’honneur de vous adresser la copie (N° 1) d’une note dont vous avez déjà connaissance, c’est la note par laquelle lord Palmerston avait répondu, le 28 du mois dernier aux démarches renouvelées du ministre d’Espagne à Londres. J’y joins en même temps (N° 2) une traduction littérale de la nouvelle note que le marquis de Mira-Flores vient d’adresser à lord Palmerston et dans laquelle il a exposé les différents points que le gouvernement espagnol désire faire entrer dans des articles additionnels au traité du 22 avril.
Une communication du même genre vous aura été faite sans aucun doute par M. le duc de Frias et comme elle aura appelé toute votre attention, je vous serai très obligé de me faire connaitre les intentions du gouvernement du Roi sur les cinq nouvelles propositions du cabinet de Madrid.
La première exprime un désir qui a été prévenu par le gouvernement français et ne pourra par conséquent donner lieu à aucune difficulté. Je pense qu’il en est de même pour la seconde et quant à la troisième qui est relative à l’entrée d’un corps de troupes portugaises, il ne parait guère possible, dans les circonstances données, que nous y mettions opposition.
Mais c’est sur la quatrième proposition particulièrement que j’avais besoin d’avoir des données positives précises et les plus détaillées. Je ne puis juger d’aucune manière quelle est la nature, la quantité, la valeur des secours matériels que le gouvernement du Roi voudra s’engager à fournir à l’Espagne et je réclame en conséquence à cet égard de votre part, M. le comte, un article complètement rédigé et pour lequel je n’ai plus à peu près qu’à demander la signature des autres plénipotentiaires.
Je tiendrais également à être instruit que vous désirez donner à l’appui de garantie et d’appui moral qui fait l’objet de la cinquième proposition du gouvernement espagnol.
Vous concevez, M. le comte, que ces deux derniers points renferment des questions que je ne suis pas en état de résoudre car il faudrait mieux connaitre que je ne puis le faire les ressources que le gouvernement du Roi a l’intention d’employer en faveur de l’Espagne, la mesure des engagements qu’elle voudrait prendre dans les affaires de la Péninsule.
Comme il est très probable qu’on ne tardera pas à me demander mon opinion sur les articles additionnels à ajouter au traité du 22 avril, j’oserai vous prier de hâter, autant que cela sera possible, l’envoi des directions et des ordres que j’attends de vous.
Agréez, Monsieur le comte, l’assurance de ma haute considération.
Ch. Mau. TALLEYRAND.
MAE - ARCHIVES DE NANTES - AMBASSADE DE LONDRES - SERIE K - CARTON 14