N° 70

Londres, le 1er mars 1833

Monsieur le duc,

Je m’empresse de vous transmettre les dépêches que j’ai reçues de La Haye et qui accompagnent le mémoire du gouvernement néerlandais qu’il a cru devoir nous adresser en réponse à la note du 14 février. Ce long factum est simplement une justification de la conduite de M. le baron de Zuylen. Il serait certainement facile de se montrer blessé du ton d’arrogance dont cette pièce est rédigée, mais lord Palmerston et moi pensons qu’elle ne mérite pas de réponse ; et que nous devons nous borner à la regarder comme non avenue. M. Dedel, le nouveau plénipotentiaire hollandais, ne peut pas tarder d’arriver ; notre intention est donc de lui demander à notre première entrevue la communication de ses pouvoirs, sans faire aucune mention du mémoire.

M. Dedel est chargé seulement d’une mission spéciale ; et il parait qu’il ne sera autorisé à négocier qu’une convention préliminaire. L’impression que laisse le mémoire fait cependant désirer qu’on puisse conclure un arrangement définitif. Nous ne négligerons rien, lord Palmerston et moi pour arriver, s’il est possible à ce résultat ; la réputation de M. Dedel nous fait du moins espérer que nous trouverons en lui de la franchise et de la loyauté. C’est le gendre de M. Shimmelpenninck ; je voudrais qu’il eût la supériorité d’esprit de son beau-père.

Agréez, Monsieur le duc, l’assurance de ma haute considération.

Ch. Mau. TALLEYRAND.