LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
AU
DUC DE BROGLIE
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
EN DATE DU
15 NOVEMBRE 1832
N° 26
Londres, le 15 novembre 1832
Monsieur le duc,
Nous avons eu dans ces derniers jours trois conférences sur les affaires de la Grèce ; j’ai l’honneur de vous en envoyer le résultat ; il se compose :
1° du protocole 54 et de deux annexes. Il est relatif au départ pour la Grèce du corps bavarois, qui doit s’y rendre, aux termes de l’article XIV de la convention du 7 mai ;
2° du protocole 55, qui sert de réponse à la note remise par la Régence grecque, sur le mode de garantie de l’emprunt de quarante millions, et sur la demande de garantie de la troisième série dudit emprunt.
Je pense que ce protocole méritera votre approbation, il tend à expliquer simplement les vues des trois Cours, et à prouver qu’elles s’occupent, avec sollicitude des véritables intérêts de la Grèce.
Je dois du reste vous dire que le cabinet anglais a donné des raisons parlementaires pour refuser la demande de la Régence grecque ; et comme cela pouvait devenir une nouvelle charge pour la France, je me suis aussi déterminé à éloigner pour le moment cette demande.
Je crois devoir saisir cette occasion, Monsieur le duc, pour vous rappeler que le gouvernement du Roi devra, dans la session prochaine, s’adresser aux chambres pour la garantie à laquelle il s’est engagé par la convention du 7 mai ;
3° du protocole 56 et d’une annexe. La Conférence avait reçu de la Porte ottomane, par l’entremise de son agent, M. Maurojeni, qui se trouve en ce moment à Londres, le mémoire qui est annexé, elle a cru devoir y faire la réponse qui est dans le protocole.
Agréez, Monsieur le duc, l’assurance de ma haute considération.
Ch. Mau. TALLEYRAND.
P. S. J’apprends à l’instant que le colonel Caradoc vient d’être désigné par le gouvernement anglais pour se rendre au quartier-général du maréchal Gérard. Il est chargé de rendre compte à son gouvernement des mouvements de notre armée. Ce n’est point une chose nouvelle. L’usage a été de toujours confier de pareilles missions à des officiers supérieurs, quand deux Puissances agissent dans un but commun. Cela ne peut que servir à mieux constater la bonne intelligence des deux gouvernements. Vous croirez sûrement convenable d’instruire le maréchal Gérard de cette mission.
MAE - ARCHIVES DE NANTES - AMBASSADE DE LONDRES - SERIE K - CARTON 12