LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
AU
DUC DE BROGLIE
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
EN DATE DU
8 NOVEMBRE 1832
N° 22
Londres, le 8 novembre 1832
Monsieur le duc,
Dans la dépêche N° 84 que j’ai eu l’honneur de recevoir de vous, je trouve enfin l’explication des embarras qui se sont élevés à propos du projet d’occupation de Venloo, d’une partie du Limbourg et du Luxembourg par les troupes prussiennes. Je vous remercie des renseignements qu’elle me fournit à ce sujet et je vois que vous avez ramené la question sur son véritable terrain. Je continuerai à agir près de M. de Bülow dans le même sens que vous près de M. de Werther ; mais, comme j’avais l’honneur de vous l’écrire avant-hier, ce n’est qu’après le 11 que je pourrai vous apprendre quelque chose de nouveau sur les résolutions de la Cour de Prusse.
Lord Palmerston m’a communiqué les instructions qui ont dû être adressées par l’amirauté anglaise à sir Pultney Malcolm ; elles vous auront été remises par lord Granville et c’est ce qui m’a empêché de vous les transmettre, mais j’en ai envoyé hier une copie à l’amiral Ducrest de Villeneuve, en l’engageant à s’y conformer, en attendant les directions qui ne manqueront pas de lui venir de France et qui seront sûrement conformes à ces instructions.
J’ai vu lord Palmerston ce matin et nous sommes convenus d’écrire tous deux demain à Bruxelles pour y annoncer que nous sommes complètement satisfaits de la réponse faite le 3 novembre par le général Goblet à la notification des deux Cours de France et d’Angleterre ; je prierai M. de Latour-Maubourg d’en faire la déclaration officielle au gouvernement belge.
Je me suis aussi entendu avec lord Palmerston sur la prolongation du séjour des légations de France et d’Angleterre à La Haye. Nous enverrons à MM. d’Eyragues et Termingham des instructions par lesquelles il leur sera prescrit de rester à La Haye jusqu’à ce qu’il y ait eu une déclaration formelle de guerre faite par le gouvernement des Pays-Bas, ou qu’il ait été reconnu d’une manière bien positive que des lettres de marque ont été délivrées par ce gouvernement.
J’ai provoqué une conférence sur les affaires de la Grèce ; je crois qu’elle aura lieu samedi ; je vous rendrai compte de ce qui aura été décidé au sujet de la nouvelle proposition faite par la Régence grecque, dont vous m’avez fait l’honneur de m’entretenir dans votre dépêche N° 85.
Agréez, Monsieur le duc, l’assurance de ma haute considération.
Ch. Mau. TALLEYRAND.
MAE - ARCHIVES DE NANTES - AMBASSADE DE LONDRES - SERIE K - CARTON 12