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MAE - ARCHIVES DE NANTES - AMBASSADE DE LONDRES - SERIE K - CARTON 11




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LETTRE

DU PRINCE DE TALLEYRAND

A

M. CASIMIR PERIER

PRESIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES

EN DATE DU

2 MARS 1832







Londres, le 2 mars 1832

Monsieur,

J’ai reçu la dépêche que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 28 février N° 14.

Les détails qu’elle renferme sur les dispositions du cabinet de Petersbourg relativement au traité du 15 novembre et sur l’objet de la mission du comte Orloff, sont parfaitement d’accord avec tout ce qui nous revient ici, mais ils s’écartent essentiellement des informations transmises par la légation de France à Berlin ; nous avons lieu de penser que ses prévisions toujours un peu empreintes de la crainte de voir les Puissances s’entendre moins bien sur les questions de Hollande et de Belgique, ne seront nullement justifiées, et le seront d’autant moins que le cabinet de Petersbourg en apprenant la ratification simultanée de la France et de l’Angleterre aura, sans aucun doute, confirmé et même augmenté, dans le sens que nous pouvons désirer, les instructions remises au comte Orloff.

Dans ma dépêche du 16 février N°309, j’avais l’honneur de vous mander, Monsieur, que probablement, vers le milieu de mars, le traité du 15 novembre aurait reçu toutes les sanctions qui lui étaient nécessaires ; je crois que mon calcul se trouvera exact, à bien peu de chose près

Je suis fondé à croire que le langage du comte Orloff ne s’est pas écarté à La Haye de celui auquel la Conférence devait s’attendre ; à Berlin, d’après les lettres que M. de Bulow m’a communiquées, il ne s’est pas exprimé comme il paraîtrait l’avoir fait, suivant les rapports que vous avez reçus et que vous avez bien voulu me transmettre la copie. Vous avez vu, aussi, que le gouvernement anglais partage ma confiance et que, dans une des dernières séances à la chambre des Pairs, lord Grey a dit qu’il n’avait aucun motif de douter de l’arrivée des ratifications.

Mon opinion est toujours que, malgré les intrigues de tout genre qui sont mises en mouvement pour faire échouer la grande affaire qui nous intéresse si essentiellement, nous en triompherons et arriverons au résultat que nous nous sommes proposés d’obtenir.

Au moment où la discussion du budget des Affaires étrangères amènera probablement des débats sur la situation de la Grèce, vous jugerez, sans doute, nécessaire, Monsieur, de rassembler tous les documents qui prouvent que, depuis longtemps, le gouvernement français avait, en opposition à la Russie, et même à d’autres Puissances, porté son choix sur un prince de la maison de Bavière, parce que ne voyant que ce qui était utile aux Grecs, nous avions voulu faire un choix qui pût leur être plus agréable que tout autre. Je crois que ce fait, ainsi appuyé sur des documents remontant à plusieurs années aurait l’avantage de montrer que ce sont aujourd’hui les Puissances qui se sont réunies à nous pour arrêter le choix du souverain de la Grèce et que, par conséquent, il n’y a eu, de notre part, aucune condescendance pour les désirs de tel ou tel cabinet.

Cette observation m’a paru utile à placer dans cette dépêche parce que les actes du gouvernement étant, sans cesse, attaqués avec les assertions les plus dénuées de fondement, il est bon d’avoir, en réserve, un historique qui réponde à toutes les interprétations qu’on pourrait donner.

Le choléra n’a pas fait de progrès marquants depuis deux à trois jours ; mais il y a lieu de craindre que les rapports publiés par le bureau de santé ne soient pas un tableau bien complet parce qu’il ne reçoit pas des informations suffisantes. L’opinion généralement accréditée ici, c’est que la maladie régnante n’ajoute rien ou presque rien à la mortalité ordinaire de cette grande capitale et qu’elle est loin d’être aussi dangereuse que le choléra de l’Inde. Les considérations de commerce donnent beaucoup de suffrage à cette opinion, je ne sais pas si cela leur donne de la force.

M. Blanchet qui a géré, pendant 10 mois environ, le consulat général d’Angleterre, a reçu l’autorisation de remettre le service à M. de Larue Villeret, 8è consul, et de se rendre à Barcelone, où il a été nommé depuis longtemps. Je vois partir M. Blanchet avec regret et je me fais un plaisir d’ajouter qu’il a apporté dans la mission difficile et importante dont il était chargé le zèle et la capacité convenable.

J’espère que M. Durant de Saint André sera rendu à son poste à peu près dans six semaines ; cela est d’autant plus désirable que les circonstances actuelles et les mesures de quarantaines établies dans nos ports peuvent faire naître des questions difficiles pour la solution desquelles toute l’expérience d’un homme exercé depuis longtemps peut être nécessaire. Je ne doute en aucune manière du zèle de M. de Larue ; d’ailleurs il trouvera à l’ambassade tout l’appui dont il pourrait avoir besoin, mais, je le répète, la présence du consul général est ici plus utile que jamais.

Agréez, Monsieur, l’assurance de ma haute considération.

Ch. Mau. TALLEYRAND.

P. S. J’ai passé ma matinée à lire les dépêches de Constantinople et de Grèce arrivées au gouvernement. C’est un volume.

J’avais également lu, il y a quelques jours, les dépêches que lord Palmerston a écrites à Madrid à M. Adrington et à Florence à M. Seymour, qui a, comme vous le savez, reçu l’ordre de se transporter à Rome. Ces pièces vous ont été communiquées par lord Granville et vous y avez trouvé, sans doute, une nouvelle preuve de la confiance que le cabinet anglais aime à nous témoigner, et d’où doit sortir le vrai système auquel la France a tant d’intérêt à se tenir.

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Pierre COMBALUZIER - 64000 PAU - FRANCE - 1997
Membre fondateur
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